Un démon au Paradis

Bonjour à tous et toutes. Suite à la longue absence de défi littéraire depuis quelques semaine et pour succéder au thème "politique" de Rémi, je vous propose un zeste d'évation scénaristique. Vous devez raconter, avec la forme de votre choix (poésie, prose, chanson) ceci : 

L'histoire d'un démon envoyé au Paradis pour y espionner les agissement de ses occupants.

Vous avez carte blanche pour la longueur, le nombre de personnages, etc... Attention : l'aspect religieux ne doit en aucun cas être exploité de façon prosélyte, le cadre ange/démon délimitant simplement un contexte fantastique qui ne saurait donner lieu à aucun débordement. Du talent, de l'imagination et des situations originales seulement!

C.O.S

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Je poste ce com pour enlever les pubs:)

[C.O.S]

DEMON DE PIETE 


1.La geôle.

Il résidait encore un halo de lumière rouge dans la cellule. Sous ce mince éclairage, un lacis de chaînes en cuivre serpentait du centre de la pièces et se noyait vers ses zones d'ombre. Malek
demeurait ainsi, prostré. Un léger renflement sur sa silhouette faisait parfois frémir les maillons de ses entraves. Quand le soupirail surplombant la geôle fut bouché, l'obscurité avala les formes
et ne laissa place qu'au bruit de semelles métalliques s'éloignant au loin.

Il demeura ici sans compter, car en Enfer le temps est une notion ennuyeuse.

Il profita de ce moment de recueillement pour prier : il y avait encore tellement de mal à faire, de souffrances à infliger ! Trouverait-il toujours les ressources nécessaires pour
accomplir son art ? Les effets combinatoires d'une imagination démoniaque alliée à l'insalubrité des vies humaines lui semblaient si plaisants et illimités ! Son péché mignon était
d'instiller dans les couples le germe de la tromperie, de bâtir sur l'anomalie d'un désir une excroissance si attractive qu'elle dévorait toute promesse passée. Le contraste entre la vacuité des
paroles et la bestialité des actes conférait aux humains beaucoup de charme, selon lui. Il aimait tant les haïr.

Son recueillement eut le mérite de préparer Malek à une sortie théâtrale et bien sentie. Ses geôliers, pressés de se débarrasser de lui afin de le soumettre à la colère du roi, mesuraient qu'en
Enfer rien de véritablement grave ne pouvait plus se passer. De fait, l'intimidation d'une peine de prison et d'un jugement perdaient une partie non négligeable de leur intérêt. Tout ceci amusait
follement Malek, qui voyait là des exutoires presque aussi divertissants que le Mal lui-même. On le roua de coup afin de garantir un formalisme punitif de bon aloi devant le Roi. L'Enfer était plus
sale et plaisant que jamais.
Les diverses imageries humaines semblaient assimiler l'Enfer à d'immenses lac de laves hérissés de jets de flammes. Seulement, les ennuyeuses extrapolations de cette sous-espèce négligeaient les
immenses potentialités de ce lieu : les flammes n'y sont chaudes que pour évoquer le confort oublié, confort auquel succède le froid azuré qui sature l'air et plante ses crocs dans les gorges
encore fumantes de ses hôtes. La lumière brûle les rétines, nappant tout chemin d'obscurité. Il y a des plantes qui s'agrippent aux viscères, les rongeant jusqu'à la trame pour mieux les régénérer
ensuite. Ainsi s'écoulent les instant, décharné du temps qui les charpente habituellement.

Jeté sur l'épais bloc de glace flottant sur un lit de flammes, Malek pris le temps de se recoiffer, car après tout c'était le Roi mais aussi son père. Son esprit de famille se cantonna à cet aspect
capillaire car les hostilités s'ouvrirent d'emblée.